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généraux ont attiré à Paris une foule d’étrangers et de Français de toutes les provinces. La ville est pleine, Versailles de même. On assure qu’il s’y tient chez un prince des conférences d’aristocrates, qu’il s’y forme une confédération entre les nobles et les parlements, confédération impuissante, si la nouvelle est vraie que la Bretagne et quelques autres provinces se remplissent de cocardes, non pas hostiles néanmoins, mais comminatoires.

Vous ne vous faites pas une idée de la joie que me donne notre régénération. C’était une belle chose que la liberté, puisque Caton se déchirait les entrailles plutôt que d’avoir un maître.

24 juin 1789.

J’ai passé à Versailles le lundi et le mardi. Lundi, on nous annonce, à notre arrivée, que la séance royale est remise ; il pleuvait, des gardes empêchaient les députés d’entrer dans leur salle. C’était un spectacle affreux, pour les bons citoyens, de voir nos dignes représentants courir dans les rues sans savoir où s’assembler. Les récollets eurent l’indignité de refuser leur église. Le curé de Saint-Louis offrit la sienne. Là, je fus témoin d’un