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Il avait sujet d’avoir peur. Le mouvement était terrible.

(Michelet, Rév. fr., t. I.)

II

La mort de Foulon et de Berthier ayant rempli les nobles de terreur, beaucoup d’entre eux émigrèrent, parmi lesquels le duc de Luxembourg, le duc de Coigny, le prince de Lambesc, le comte de Vaudreuil, la princesse de Beauffremont, le comte de Cayla, le marquis de Sérens, etc… Cette vaste désertion des principaux de la noblesse ne couvrait-elle pas un signal de guerre, n’était-elle pas un recours silencieux mais sinistre à l’intervention de l’étranger ? Le peuple ne s’y trompa point. Il sentit que si des personnages attachés à la patrie par les mille liens de la richesse, du bonheur, de douces habitudes, fuyaient au lieu de se résigner ou de se défendre, ce ne pouvait être qu’avec l’intention de revenir avec ces mêmes soldats étrangers dont ils avaient naguère osé menacer Paris. Aussi le peuple fut-il inexorable dans sa vigilance. Le baron de Bachmann, major du régiment des gardes suisses, se vit traîner à l’Hôtel de ville uniquement parce que, en des-