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dans la terre de Canaan, et dormir à côté de Sara et de Rachel.

Il est une religion qui n’appartient pas à certain peuple, à certains climats, comme le christianisme, mais une religion qui est répandue chez tous les peuples, une religion de tous les siècles et de tous les pays, une religion innée ; c’est celle qu’ont conservée dans sa pureté les hommes éclairés et les sages, c’est la religion des Socrate, des Platon, des Cicéron, des Scipion, des Marc-Aurèle, des Épictète, des Confucius, des Plutarque, des Virgile, des Horace, des Bayle, des Érasme, des Bacon, des Lhôpital, des Buffon, des Voltaire, des Montesquieu, des Jean-Jacques Rousseau. Sa foi est de croire en Dieu, sa charité d’aimer les hommes comme des frères, son espérance est celle d’une autre vie. Cette religion ne procurera jamais des extases comme celle de sainte Thérèse ou de saint Ignace qui transpirait d’amour divin, et en était trempé au point de changer trois fois de chemise à une messe de minuit. N’a pas qui veut le bonheur d’être fou. Mais il y a un conte charmant de Voltaire, fait pour nous consoler. C’est un muphti philosophe, qui, sur le récit des visions extatiques d’une vieille dévote musulmane, va lui rendre visite, il la trouve aussi heureuse que Madame Guyon, et je ne sais plus quelle sainte religieuse à qui un ange perce le cœur d’un coup de lance, et