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nourrisse le prêtre ? C’est à celui qui va à la messe à payer le sacristain.

Tout le monde se fera hérétique, schismatique, et même juif, s’il le faut, pour ne point payer. Le philosophe dira : C’est à celui qui se fait enterrer dans le cimetière, ou qui est jaloux des honneurs du caveau, à payer le luminaire, la grande sonnerie, et les jurés-crieurs. Pour moi, mon tombeau est dans mon jardin ; là reposeront ma femme et mes enfants. Cette idée que les cendres de son père sont éparses dans cette enceinte, attachera mon fils à sa propriété. Cet héritage consacré, jamais il ne le vendra. Au riche, son voisin, qui marchanderait ce coin de terre, il répondra, comme ce chef des Canadiens à qui des Européens proposaient de céder leur pays : Nous ne pouvons nous éloigner de cette terre ; dirons-nous aux ossements de nos pères : Levez-vous et marchez !

Consolez-vous pourtant, bons Parisiens, vous aurez toujours votre chère patronne, et on ne l’enlèvera pas au curé de Saint-Eustache, comme le disait si plaisamment un de nos devanciers. Vous aurez toujours vos processions, vos serpents, vos basses-contre, et vous serez toujours maîtres de vous faire enterrer à Clamart ou à Saint-Sulpice ; seulement vous ne regarderez plus comme des païens et des employés des fermes, ceux qui, à l’exemple d’Abraham et de Jacob, voudront être portés