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des cahiers de provinces. Ils ne prennent pas garde qu’il n’est pas un seul de ces cahiers qui, en même temps qu’il accorde le veto, ne renferme quelque article contradictoire et destructif de ce veto. Par exemple, toutes les provinces ont voté impérativement une nouvelle constitution ; donc elles ont déclaré implicitement que nul n’avait le droit de s’opposer à cette constitution. Toutes les provinces ont voté impérativement la répartition égale des impôts, l’extinction des priviléges pécuniaires, etc. ; donc, par ce mandat impératif, elles ont déclaré indirectement que nulle puissance n’avait le droit de dire veto, et de maintenir l’ancien usage.

Cette contradiction, qui se trouve dans tous les cahiers, entre l’article qui accorde le veto, et un ou plusieurs articles, n’a pas échappé aux rédacteurs dans les provinces. On en a fait la remarque dans plusieurs bailliages. Mais les provinces suivaient alors le précepte de l’Évangile, qui recommande la prudence du serpent. Il leur suscitait d’établir par un ou deux articles, que sur ces points où la nation avait déjà manifesté son vœu unanime, il n’y avait lieu au veto ; elles ont affecté d’accorder un veto contradictoire, pour ne pas trop alarmer le despotisme. Dans cette contradiction de tous les cahiers, quel parti plus sage que de faire expliquer de nouveau les provinces, de demander qu’elles déclarassent