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d’être des Catilinas vous êtes les ennemis de Catilina. Mes bons amis, recevez les plus tendres remercîments de la Lanterne. C’est du Palais-Royal que sont partis les généreux citoyens qui ont arraché des prisons de l’Abbaye les gardes françaises détenus ou présumés tels pour la bonne cause. C’est du Palais-Royal que sont partis les ordres de fermer les théâtres et de prendre le deuil le 12 juillet. C’est au Palais-Royal que, le même jour, on a crié aux armes et pris la cocarde nationale. C’est le Palais-Royal qui, depuis six mois, a inondé la France de toutes ces brochures qui ont rendu tout le monde, et le soldat même, philosophe. C’est au Palais-Royal que les patriotes, dansant en rond avec la cavalerie, les dragons, les chauffeurs, les Suisses, les canonniers, les embrassant, les enivrant, prodiguant l’or pour les faire boire à la santé de la nation, ont gagné toute l’armée, et déjoué les projets infernaux des véritables Catilinas. C’est le Palais-Royal qui a sauvé l’Assemblée nationale et les Parisiens ingrats d’un massacre général. Et parce que deux ou trois étourdis, qui eux-mêmes ne veulent pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse, auront écrit une lettre comminatoire, une lettre qui n’a pas été inutile, le Palais-Royal sera mis en interdit, et on ne pourra plus s’y promener sans être regardé comme un Maury et un d’Esprémesnil.