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de correspondants de leurs provinces ? Ils sont Français, ils ont intérêt à la constitution, et droit d’y concourir. Combien de Parisiens même ne se soucient pas d’aller dans leurs districts ! Il est plus court d’aller au Palais-Royal. On n’a pas besoin d’y demander la parole à un président, d’attendre son tour pendant deux heures. On propose sa motion. Si elle trouve des partisans, on fait monter l’orateur sur une chaise. S’il est applaudi, il la rédige ; s’il est sifflé, il s’en va. Ainsi faisaient les Romains, dont le Forum ne ressemblait pas mal à notre Palais-Royal. Ils n’allaient point au district demander la parole. On allait sur la place, on montait sur un banc, sans craindre d’aller à l’Abbaye. Si la motion était bien reçue, on la proposait dans les formes ; alors on l’affichait sur la place, elle y demeurait en placard pendant vingt-neuf jours de marché. Au bout de ce temps, il y avait assemblée générale ; tous les citoyens, et non pas un seul, donnaient leur sanction. Honnêtes promeneurs du Palais-Royal, ardents promoteurs de tout bien public, vous n’êtes point des pervers et des Catilinas, comme vous appelle M. de Clermont-Tonnerre et le Journal de Paris[1], que vous ne lisez point. Catilina, s’il m’en souvient, voulait se saisir du

  1. N’est-il pas incroyable que sur la dénonciation du Journal de Paris, M. de Saint-Huruge reste en prison !