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vingt-cinq millions d’hommes, je ne le veux pas, moi, moi tout seul. Non, il n’est pas possible que Mirabeau ait tenu ce langage ; aussi nous le ferons ambassadeur.

Pour M. Mounier, qui veut non-seulement un veto absolu, et qui a bien osé nous proposer un sénat vénitien, il s’en ira en Dauphiné comme il était venu, avec cette différence que, venu au milieu des applaudissements, il s’en retournera au milieu des huées. Et M. de Lally, si fervent royaliste et qui s’imagine apparemment qu’en reconnaissance de son zèle pour le pouvoir d’un seul, nous allons créer pour lui, comme dans le Bas-Empire, la charge d’un grand domestique ; il ira, s’il veut, prendre séance dans la chambre haute du parlement d’Irlande, qu’il nous cite pour modèle.

Lorsque cet honorable membre proposa à l’Assemblée nationale une chambre haute, une cour plénière, et deux cents places de sénateurs à vie et à la nomination royale, lorsqu’il fit briller ainsi à tous les yeux deux cents récompenses pour les traîtres, comment les Chapelier, les Barnave, les Péthion de Villeneuve, les Target, les Grégoire, les Robespierre, les Buzot, les de Landine, les Biozat, les Volney, les Schmitz, les Gleizen, les Mirabeau, et tous les Bretons ; comment ces fidèles défenseurs du peuple, n’ont-ils pas déchiré leurs vêtements en signe de douleur ?