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vierges du Péloponèse, haïssaient-ils les femmes ? C’était là leur spectacle, et avaient-ils si grand tort d’en préférer la simplicité à toute la magie de l’opéra d’Athènes ? Sur quel fondement notre auteur aristocrate prédit-il donc la solitude du parterre et des loges, la ruine des marchandes de modes, des fabriques de plumes et de gazes, de la foire Saint-Germain, et de la rue des Lombards ? La Lanterne prédit, au contraire, que jamais les arts et le commerce n’auront été si florissants. Les Anglais excellaient à faire des étoffes que les Français excellaient à porter. Mais patience, citoyens, vous aviez cent quarante mille calotins qui n’étaient pas la partie de la nation qui eût le moins d’industrie, puisqu’ils savaient vivre à vos dépens. Figurez-vous ces deux cent quatre-vingt mille bras rendus au commerce ou à l’agriculture. L’un s’occupe à polir l’acier ; l’autre, au lieu de sécher pendant nombre d’années à faire un carême, fait voile pour la pêche de la morue à Terre-Neuve. Que d’esprit perdu dans le quinquennium, dans la poussière des écoles, et sur les bancs de la Sorbonne ! Les bons effets de tant de talents, appliqués à perfectionner une manufacture ou à étendre une branche de commerce, sont incalculables.

À la vérité, le clergé tient furieusement à ses cheveux coupés en rond, à ses surplis, ses mitres, ses soutanes rouges et violettes, à ses