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d’Hyéron y pourrait manœuvrer ; et je prétends voir passer ici en revue à M. de la Fayette, l’infanterie parisienne, la cavalerie parisienne, l’artillerie parisienne, et la marine parisienne.

Il est vrai que la révolution porte un coup mortel à l’Almanach royal. Adieu le privilége de M. d’Houry ; mais M. Baudouin nous imprimera un Almanach national[1]. Il est vrai qu’il y aura moins de séminaires, de couvents de célibataires, mais il faut espérer que la population n’en souffrira point ; il est vrai que le parlement passera, mais la basoche ne passera point. Nous aurons des magistrats moins aristocrates, moins insolents, moins ignorants,

  1. On ne peut plus parler d’Almanachs qu’on ne se rappelle le divin faiseur Monseigneur le comte de Rivarol. On sait tout le mal que lui fait la révolution et le mélange impur des trois ordres. Les lettres de Bagnoles mandent que les paysans ont brûlé l’ancien et superbe château de Rivarol. Comme les princes ont des pièces de canon et des drapeaux devant leurs palais, le comte avait aussi des batteries et une enseigne devant sa porte. Tout a été pillé ; son terrier, ses titres de noblesse n’existent plus ; heureusement la manufacture des almanachs va lui rendre de quoi rebâtir un château bien plus magnifique. Voyez quels beaux Almanachs vous avez à faire, Monsieur le comte : l’Almanach de l’Assemblée nationale, l’Almanach de l’Hôtel de Ville, l’Almanach des districts, l’Almanach des douze mille brochures de cette année, l’Almanach des quarante mille pensionnaires du roi, l’Almanach des soixante mille filles, l’Almanach des cent mille cocus. Ô mon cher comte, la belle chose que les Almanachs et la liberté de la presse !
    (Note de Desmoulins.)