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chit, polit, affermit, embellit ; enfin, ce vinaigre qui fait les vierges, ou du moins qui les refait, et dans l’annonce duquel vous prévenez si plaisamment les dames qu’elles peuvent l’envoyer chercher, sans craindre que le porteur en devine l’usage ? Tant de belles découvertes vont devenir inutiles.

Encore si la réforme ne frappait que sur les filles à la grande pension ! Mais cette armée innombrable dont le sieur Quidot était l’inspecteur, cette armée qui sous les galeries du Palais-Royal et à la clarté des lampes de Quinquet, passe en revue tous les jours devant nous, revue mille fois plus charmante, que celle de Xercès ; eh bien, cette armée va être licenciée, faute de paye. Bien plus, l’arrière-ban de cette milice va être encore dispersé. À la suite de trois mille moines défroqués, de vingt mille abbés décalotés, qui retourneront dans leurs provinces guider l’utile charrue ou aimer dans le comptoir paternel, il faudra bien que trente mille filles descendent des galetas des rues Troussevache et Vide-Gousset, etc., renoncent aux douceurs de Saint-Martin et de la Salpêtrière, et, comme la pauvre Paquette de Candide aux bords du Pont-Euxin, aillent faire de la pâtisserie avec le frère Giroflée. L’auteur de ce pamphlet va plus loin encore. Adieu, dit-il, les tailleurs, les tapissiers, les selliers, les éventaillistes, les épiciers, la grand’chambre, les