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écrits de la sorte. Mais voilà Lien assez de doléances pour cette fois, et j’aurai fourni matière assez ample aux réflexions.

Il reste à vous prémunir contre le venin de quelques motions faites dans l’Assemblée nationale, et contre quelques écrits qui circulent dans la capitale. Parmi ces brochures dangereuses, il y en a une assez piquante, intitulée : « Le Triomphe des Parisiens. » L’auteur voudrait leur faire croire que leur cité va devenir aussi déserte que l’ancienne Babylone, que les Français vont être transformés en un peuple de laboureurs, de jardiniers, et de philosophes, avec le bâton et la besace ; que dans six mois l’herbe cachera le pavé de la rue Saint-Denis et de la place Maubert, et que nous aurons des couches de melon sur la terrasse des Tuileries, et des carrés d’oignons dans le Palais-Royal. Adieu les financiers, dit l’auteur, Turcaret renverra son Suisse et mangera du pain sec. Les prélats, les bénéficiers à gros ventre vont venir d’étiques congruistes. Si les bonnes mœurs renaissent, adieu les beaux-arts. Ah ! M. Fargeon, que vous sert d’avoir surpassé tous les parfumeurs de l’Égypte ? Et vous, M. Maille, que vous servira d’avoir imaginé le vinaigre stytique, qui enlève les rides et unit le front comme une glace ; le vinaigre de cyprès, qui en douze jours change immanquablement la blonde en une brune ; le vinaigre sans pareil, qui blan-