Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 32 —

représentants de la nation et une assemblée telle qu’il n’y en eut jamais dans l’univers d’aussi auguste, aussi remplie de lumière et enflammée de patriotisme. Ce sont nos législateurs et nos oracles[1]. Mais la défiance est mère de la sûreté. Bons Parisiens, où en seriez-vous si vous aviez ajouté foi à ces belles paroles : que les hussards et le canon n’avançaient que pour garantir vos boutiques du pillage et faire la police ? L’aristocratie respire encore. Les Tarquins sont errants et cherchent Porsenna ; mais que Porsenna tremble, et qu’il sache que la France ne manque pas d’hommes aussi courageux que Mucius, et qui cette fois ne se tromperont pas de victime. Français, les ennemis du bien public, désespérant de vous conquérir si vous voulez être libres, ont pris le parti de vous dégoûter de la liberté par les excès de la licence. C’est dans cette vue qu’ils ont lâché contre le peuple

  1. La Lanterne se doit à elle-même de publier ce que les bons citoyens se disaient depuis longtemps à l’oreille, et ce qu’un journaliste patriote n’a pas craint d’imprimer, que petit à petit quelques membres des communes se laissent gagner par des pensions… des projets de fortune… des caresses… Heureusement il y a les galeries, les galeries incorruptibles, toujours du côté des patriotes ; elles représentent ces tribuns du peuple qui assistaient sur un banc aux délibérations du sénat, et qui avaient le veto. Elles représentent la capitale, et heureusement c’est sous les batteries de la capitale que se fait la Constitution.
    (Note de Desmoulins.)