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crate. À Dieu ne plaise ! Moi-même, le mercredi 15 juillet, lorsque les augustes représentants de la nation se rendirent à la ville, comme ils défilaient sous les drapeaux des gardes françaises, je n’oublierai jamais que je vis un noble, le vicomte de Castellane, baiser avec transport ces drapeaux de la patrie. Je l’ai vu, et j’en ai tressailli de joie. Tout ce que je veux dire, c’est que la lettre déchirée par le baron de Castelnau devait être lue publiquement et affichée, comme on devait afficher la lettre de Flesselles à Delaunay, la lettre de Besenval à Delaunay, l’ancienne lettre de Sartines à son digne ami Delaunay.

Cela est vieux, dit-on, et devrait être oublié. Mais s’imagine-t-on que j’aie oublié qu’un certain électeur de Paris, dépêché alors à Versailles pour remettre à l’instant les lettres interceptées dans les mains de Castelnau, et rendu à trois heures après midi, ne remit ces dépêches qu’à dix heures du soir ? S’imagine-t-on que je ne me souvienne plus que le sieur de Messemy, figurant aujourd’hui parmi les représentants de la commune, était le féal du sieur Barentin et le directeur de la librairie ? S’imagine-t-on que j’aie oublié que dans la consternation de la capitale, le dimanche 12 juillet quand les plus zélés patriotes, parmi les électeurs, conjuraient M. de la Vigne, leur président, de sonner à l’instant le tocsin et de convoquer leur assemblée générale, ce pusil-