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Cela est faux ; il n’y a de sacré et d’inviolable que l’innocence ; elle seule peut braver la Lanterne. Une foule de cahiers prononcent la responsabilité des députés, loin de défendre qu’on leur fasse le procès, si le cas y échet. D’Esprémenil, Maury, Cazalès, sont-ils plus inviolables que le préteur Lentulus, le dictateur César, le tribun Saturninus, qui tous étaient personnes sacrées ? C’était aussi une personne sacrée que le roi Agis. Qu’on me montre dans les archives de la justice un monument plus auguste, et qui inspire à tous les mortels une terreur plus sainte, plus salutaire pour son glaive, que l’inscription qu’on lisait sur une colonne dans le temple de Jupiter Lycien. Les Arcadiens, après avoir mis à mort leur roi Aristodème, traître envers la patrie, avaient érigé cette colonne, et gravé ces mots : Les rois parjures sont punis tôt ou tard, avec l’aide de Jupiter. On a enfin découvert la perfidie de celui-ci, qui a trahi Messène. Grand Jupiter, louanges vous soient rendues !

Pourquoi a-t-on relâché ce marquis de Lambert ? Il pleurait, et j’entendis un jeune homme lui dire : Misérable, il fallait pleurer quand tu reçus l’ordre horrible d’égorger tout un peuple, s’il persistait à réclamer ses droits. Lâche, tu étais prêt à massacrer des femmes, des enfants, des vieillards ; tu étais général d’une armée de bourreaux, et ne sais pas