Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —

Ainsi donc, ces petits-maîtres et petites-maîtresses, si voluptueux, si délicats, si parfumés, qui ne se montraient que dans leurs loges, ou dans d’élégants phaétons ; qui chiffonnaient, dans les passe-temps de Messaline et de Sapho, l’ouvrage galant de la demoiselle Bertin, à leurs soupers délicieux, en buvant des vins de Hongrie, trinquaient dans la coupe de la volupté à la destruction de Paris et à la ruine de la nation française. Là, les Broglie, les Bezonval, les d’Antichamp, les Narbonne-Fritzlard, Lambesc, de Lambert, Bercheny, Condé, Conti, d’Artois, le plan de Paris à la main, montraient gaîment comme le canon ronflerait des tours de la Bastille ; comme, des hauteurs de Montmartre, les batteries choisiraient les édifices et les victimes ; comme les bombes iraient tomber paraboliquement dans le Palais-Royal. J’en demande pardon à M. Bailli, cet excellent citoyen, ce digne maire de la capitale ; mais il sait bien que le maire de Thèbes, Épaminondas, au rapport de Cornélius Nepos, ne se serait jamais prêté à un mensonge, même pour ramener le calme. À qui fera-t-il croire que la plateforme de Montmartre n’ait pas été destinée uniquement à nous foudroyer et qu’elle puisse servir à un autre usage ? Bons Parisiens, il y avait donc contre vous une conspiration exécrable. La conjuration des poudres, dont la découverte est célébrée à Londres par une