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ce complot infernal. Mais comment n’y pas croire ? Est-ce qu’on n’avait pas transporté trois pièces d’artillerie jusque sur la terrasse du jardin du citoyen à Passy, parce qu’on l’avait trouvée propre à canonner de là les Parisiens, sur ce même quai où Charles IX les avait arquebusés, il y a deux cents ans ? Est-ce que Besenval ne s’est pas mis en fureur à la nouvelle du renvoi imprudent de M. Necker, parce que c’était sonner avant le temps les Vêpres siciliennes, et éventer toute la mine ? Est-ce que ce Mesmai, le conseiller du parlement de Besançon, n’a pas dévoilé aussi follement la scélératesse des aristocrates ses pareils, et toute la noirceur de leurs desseins ? Est-ce que, pour surprendre notre confiance, et afin que notre artillerie ne jouât point entre des mains perfides, on n’a pas revêtu de l’habit de canonniers, des espions qu’un véritable canonnier, M. Ducastel, a démasqués, et sur lesquels il est tombé à coups de sabre ? Est-ce qu’on n’avait pas de même préparé une infinité d’habits de gardes françaises, pour en revêtir des traîtres qui nous égorgeassent sans peine ? Est-ce que Flesselles n’a pas envoyé les citoyens de cinq à six districts chercher, le lundi à minuit des armes aux Chartreux et dans d’autres endroits aussi écartés, espérant qu’il en serait fait une boucherie, et que les assassins enrégimentés qui rôdaient autour de la ville, les voyant sans