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Nous n'insistons pas davantage sur la France libre : nous nous arrêterons un peu plus sur un pamphlet beaucoup plus remarquable, qui le suivit à quelques jours de dis* tance, et qui a contribué, par son titre, à jeter de tristes soupçons sur la mémoire du pauvre Camille.

Discours de la Lanterne aux Parisiens : voilà en effet un titre bien lugubre. Il a un avantage et un inconvénient : — il est un appât pour la curiosité du public, il éveille l'attention ; — il prête aux calomnies de toute espèce, et dispense les ennemis de lire l'ouvrage même ; on le juge sur son étiquette.

La Lanterne, mot sinistre en effet, en juillet 89 ! C'était à la Lanterne de la Grève que Berthier et Foulon avaient été pendus.

C'est cette Lanterne qui est supposée adresser une harangue au peuple de Paris.

« Desmoulins, dit M. Michelet, renouvelle avec une verve intarissable la vieille plaisan-

arrêter l'auteur de la France libre. Cet outrage sans doute est dicté par un patriotisme exalté, par une imagination ardente ; mais le comité de la police en aurait-il moins fait un acte de violence et d'oppression ? Ce citoyen est un de ceux qui, dans les mémorables journées des 12, 13 et 14 juillet, ont rendu de grands services à la patrie ; un acte de violence ne troublerait-il pas plus la tranquillité publique que la publication de son ouvrage, en faisant passer dans tous les cœurs une juste indignation contre une autorité qu'il faut faire aimer ? » (Révolutions de Paris, n° IX.)