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Mais, dit-on, les parties de ce grand tout se désuniront ; nous deviendrons autant de petites républiques. Je ne saurais me persuader la possibilité de ce démembrement. Pourquoi nous désunir ? Pourquoi vouloir être des Bretons, des Béarnais, des Flamands ? Y aurait-il alors sous le ciel un nom plus beau que celui de Français ? C’est à ce nom déjà si célèbre qu’il faut tous sacrifier le nôtre. C’est à vous, dignes représentants de la nation, à arracher toutes ces haies de divisions qui séparent les provinces, à nous unir si fortement, à nous donner une constitution si belle, si heureuse, que cette année 1789 soit pour nous ce qu’était pour les juifs celle de la délivrance des Pharaons ; et qu’une loi divine et descendue du ciel nous inspire pour les gouvernements étrangers la même aversion que ce peuple avait pour les idoles des nations. Quelque mépris qu’on ait pour les juifs, il est impossible de ne pas admirer leur législateur et la profondeur des fondements sur lesquels il a bâti une constitution impérissable. Quand je lis le psaume CXIII, je ne m’étonne plus qu’éparse depuis tant de siècles, cette nation n’ait jamais pu se fondre et se dissoudre avec les peuples au milieu desquels elle vit. Nous ne pouvons pas demander à nos députés qu’ils fassent sauter les montagnes comme des béliers ; mais la raison seule peut nous organiser aussi fortement que le