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États généraux, étaient-ils les derniers en campagne ? Quelle incroyable célérité dans la première expédition navale de Duilius ! dans l’armement de Carthage à la troisième guerre punique ! L’histoire n’offre rien de pareil, si ce n’est l’armement de la ville de Paris le 14 juillet 1789.

On répond encore que cette forme de gouvernement ne convient qu’à des petites villes comme Athènes et Genève, à des îles comme l’Angleterre, à des pays de montagnes comme la Suisse, ou à ceux qui sont séparés des nations conquérantes par un archipel, comme l’Amérique. Chers concitoyens, ces contrées, tour à tour libres et asservies, montrent que ce n’est point à leur position qu’elles durent le bienfait de la liberté. Qui ne voit que ces exemples se réfutent l’un par l’autre ? Si l’Angleterre est environnée de mers, Genève ne l’est point. Si l’Attique est petite, l’Amérique est un vaste continent. Si la Suisse a des montagnes, la Hollande n’en a point. Si l’Amérique a besoin des barrières de l’Océan pour se défendre, c’est une preuve que la petitesse d’un État, loin d’être favorable au gouvernement républicain, lui serait plutôt contraire, puisque plus il est petit, plus il est facile à envahir. Un grand pays comme la France, constitué république, n’aurait besoin ni de la barrière des mers, ni du boulevard des Alpes. La liberté y serait invincible.