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corruptibles. C’est Charles VII qui porta le coup mortel à la liberté, en créant des troupes réglées et perpétuelles, et la France, épuisée alors par les guerres et l’anarchie, ne put lui échapper qu’en tombant sous le sceptre de fer du despotisme.

Louis XI, le compère du bourreau. Comme on montrait les ilotes aux Spartiates, pour les détourner de la boisson, il ne faut que regarder ce prince, pour avoir la monarchie en horreur. On ne voyait, dit son apologiste Duclos, que des gibets autour de son château. À ces affreuses marques, on reconnaissait les lieux habités par le roi. Il se plaisait à construire des cages de fer, et l’on appelait les fillettes du roi, comme l’objet de ses plus tendres affections, d’énormes chaînes qu’il fit fabriquer. En faisant donner la torture aux accusés, il était caché derrière une jalousie, se défiant de la pitié des juges, et même de Tristan. Il fit périr plus de quatre mille personnes par les supplices, grand nombre sous ses yeux, savourant leur martyre, et presque tous sans forme de procès. Il fit juger, sans assistance des pairs, son cousin germain, le duc de Nemours, blâma l’indulgence des juges, qui l’avaient fait sortir de sa cage pour l’interroger, voulut qu’on lui donnât la question, et lorsqu’il fut décapité, qu’on plaçât ses deux fils sous l’échafaud, afin qu’ils fussent arrosés du sang de leur père. Qu’on cherche