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composent. Ce n’est qu’à Sparte qu’il y en a deux : l’ordre des Lacédémoniens et celui des ilotes, c’est-à-dire l’ordre des maîtres et celui des valets. On a dit cela ailleurs ; il est bon de le répéter.

Si la noblesse est un aiguillon pour imiter les exemples des ancêtres, ce sera un aiguillon bien plus puissant quand les enfants seront tout par eux-mêmes, et rien par leurs pères. Toute la nation a pris acte de l’aveu du vicomte d’Entraigues : La noblesse est le plus grand fléau qu’il y ait sur la terre. Eux-mêmes ont porté leur arrêt. Qu’on ne connaisse plus en France que la noblesse personnelle. Est-ce que les talents et les qualités sont héréditaires ? Il n’y eut jamais une famille dans l’univers où la vertu et le génie se soient transmis du père aux enfants, et pas un secrétaire du roi qui ne croie avoir la noblesse transmissible. Qu’est-ce donc que la noblesse ? stupides que nous sommes. Ils ont beau savonner, la barbe recroît. Chers concitoyens, anéantissez cette distinction absurde autant qu’onéreuse.

Pour les nobles, toutes les grâces,
Pour toi, peuple, tous les travaux.
L’homme est estimé par les races,
Comme les chiens et les chevaux.

Montrons que nous sommes des hommes, et non pas des chiens et des chevaux.