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à donner. Il fit une réponse applaudie à jamais de toute l’Église : c’est bien la moindre chose que ceux qui peuvent faire un Dieu puissent faire un enfant : mais cela n’est pas de mon sujet.

Puisque j’ai parlé de ses ministres, je dirai un mot de la religion elle-même.

On traite l’athéisme de délire, et avec raison. Oui, il y a un Dieu, nous le voyons bien, en jetant les yeux sur l’univers ; mais nous le voyons comme ces enfants infortunés qui, ayant été exposés par leurs parents, voient qu’ils ont un père : il faut bien qu’ils en aient un ; mais ce père, c’est en vain qu’ils l’appellent, il ne se montre point.

C’est en vain que je cherche quel culte lui est plus agréable ; il ne le manifeste par aucun signe, et sa foudre renverse aussi bien nos églises que les mosquées. Ce n’est pas Dieu qui a besoin de religion, ce sont les hommes. Dieu n’a pas besoin d’encens, de processions et de prières ; mais nous avons besoin d’espérance, de consolation et d’un rémunérateur. Dans cette indifférence de toutes les religions devant ses yeux, ne pourrait-on nous donner une religion nationale ?

Au lieu d’une religion gaie, amie des délices, des femmes, de la population et de la liberté ; d’une religion où la danse, les spectacles et les fêtes soient une partie du culte, comme était celle des Grecs et des Romains ;