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LES COMMUNES.

La possibilité d’une loi agraire n’est point, comme il vous semble, une conséquence du principe : la société n’a que les droits que lui donnent les associés. Ne serait-ce pas une chose absurde de prétendre que les hommes, qui ne sont en société que pour se défendre des brigands, auraient donné le droit de les dépouiller ? Nulle puissance sans bornes sur la terre, et même dans le ciel. Ne reconnaissons-nous pas tous que la divinité même ne pourrait tourmenter l’innocence ? Au-dessus de la volonté générale, il y a le droit naturel, le pacte social. Le droit de faire une loi agraire ne peut donc jamais appartenir à la majorité.

LA NOBLESSE.

Qu’il lui appartienne ou non, si la pluralité des voix est souveraine, la loi agraire n’en sera pas moins.

LES COMMUNES.

Je ne traitais que le point de droit, et j’avais à prouver seulement qu’en droit, la majorité ne peut attenter au pacte social primitif, aux propriétés.

Si nous venons au point de fait, jamais une telle loi ne passera. Les hommes qui se sont réunis les premiers en société ont vu d’abord que l’égalité primitive ne subsisterait pas