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me, la dixième, la centième fois qu’elle se rassemble, que lorsqu’elle s’est assemblée la première fois.

En effet, la génération qui a passé ne peut pas avoir plus de droits que celle qui passe. Une génération succède aux droits de l’autre, comme un fils aux droits de son père avec cette différence que les pères ont quelquefois établi des substitutions perpétuelles, au lieu qu’une génération ne peut pas, sans absurdité, prétendre enchaîner la postérité par une substitution : la mort éteint tous droits. C’est à nous qui existons, qui sommes maintenant en possession de cette terre, à y faire la loi à notre tour. Cette loi ne saurait être que la volonté générale ; et ce qui forme la volonté générale dans une nation, comme dans une chambre de juges, c’est nécessairement la pluralité. La minorité ne peut pas invoquer la raison : comme chacun soutient qu’elle est de son côté, c’est la raison elle-même qui veut que la raison du petit nombre cède à la raison du plus grand.

LA NOBLESSE.

Quoi ! s’il plaisait à la pluralité en France d’avoir un despote, si le gros de la nation voulait une loi agraire, ou une loi regia, il faudrait donc que le reste passât sous le joug ? Un principe ne saurait être vrai, quand il mène à des conséquences fausses.