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ment où elle s’est vue rassemblée, pour se ressaisir de l’excédant d’autorité qu’elle avait confié aux deux ordres privilégiés ; elle les a rapprochés du droit commun ; elle leur a ôté ce qu’ils ne pouvaient tenir que d’elle. Qu’avez-vous à répliquer ?

En deux mots : ou bien la forme d’opiner par ordre s’est établie sans le consentement de la nation, et alors elle est inconstitutionnelle ; ou bien elle s’est introduite du consentement de la nation, par l’usage, par le consentement tacite, et alors la volonté expresse fait cesser le consentement tacite. La volonté présente déroge à la volonté passée. La génération qui n’est plus doit céder à nous qui vivons, ou bien, que les morts se lèvent de leurs tombeaux, et qu’ils viennent maintenir contre nous leurs usages. La pluralité vient donc démentir l’usage auquel la pluralité seule avait pu donner force de constitution ; cela est démontré, et on ne peut opiner que par tête.

LA NOBLESSE.

Cette forme d’opiner est-elle la meilleure ?

LES COMMUNES.

Que fait cette question ? la nation a parlé : il suffit. Point d’argument, point de veto possible contre sa volonté souveraine. Sa volonté est toujours légale ; elle est la loi elle-même.

C’est donc une chose inconcevable que ces