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ral, en seront exterminés. Mais détournons nos regards de ces horreurs ; et daigne le ciel éloigner ces maux de dessus nos têtes ! Non, sans doute, ces malheurs n’arriveront pas. Je n’ai voulu qu’effrayer les aristocrates, en leur montrant leur extinction inévitable, s’ils résistent plus longtemps à la raison, au vœu et aux supplications des communes. Ces Messieurs ne se haïront pas assez pour s’exposer à perdre des biens qu’il leur est facile de conserver, et dont nous n’avons sûrement nulle envie de les dépouiller.

Nous n’avons plus de tribune, et c’est par des discours imprimés qu’on parle aujourd’hui à une nation. Continuez de vous succéder tous sur cette tribune, ô vous, nos généreux défenseurs ! tribuns éloquents, Raynal, Sieyès, Chapelier, Target, Mounier, Rabaud, Barnave, Volney, et toi surtout, Mirabeau, excellent citoyen, qui toute ta vie n’as cessé de signaler ta haine contre le despotisme et as contribué plus que personne à nous affranchir. Les pasteurs des vils troupeaux d’esclaves en voient sans cesse décroître le nombre. Poursuivez, redoublez de courage, et secondez de tout votre génie des circonstances inespérées. Le spectacle de la mort de Virginie rétablit à Rome la liberté. Tout le monde fut citoyen, parce que tout le monde se trouva père. En France, le déficit aura rétabli la liberté. Tout le monde sera devenu citoyen, parce que tout