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Non, il n’y aura point de guerre civile. Nous sommes les plus nombreux, nous serons les plus forts. Voyez la capitale même, ce foyer de corruption, où la monarchie, ennemie-née des mœurs, ne veille qu’à nous dépraver, qu’à énerver le caractère national, à nous abâtardir en multipliant autour de la jeunesse les piéges de la séduction, les facilités de la débauche, et en nous assiégeant de prostituées ; la capitale même a plus de trente mille hommes prêts à en quitter les délices pour se réunir aux cohortes sacrées de la patrie, au premier signal dès que la liberté aura levé son étendard dans une province et rallié autour d’elle les bons citoyens. Paris, comme le reste de la France, appelle à grands cris la liberté. L’infâme police, ce monstre à dix mille têtes, semble enfin paralysé dans tous ses membres. Ses yeux ne voient plus, ses oreilles n’entendent plus. Les patriotes élèvent seuls la voix. Les ennemis du bien public se taisent, ou, s’ils osent parler, ils portent à l’instant la peine de leur félonie et de leur trahison. Ils sont forcés de demander pardon à genoux. Linguet est chassé par les députés du milieu d’eux, où l’impudent s’était glissé ; Maury est chassé par son hôte ; Desprémesnil hué jusque par ses laquais, le garde des sceaux honni, conspué au milieu de ses masses, l’archevêque de Paris lapidé, un Condé, un Conti, un d’Artois, sont publique-