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les Romains pour les assemblées du sénat ; mais déjà ce n’est plus tout bas qu’on l’adore, et elle a partout un culte public. Depuis quarante ans, la philosophie a miné de toutes parts sous les fondements du despotisme ; et comme Rome, avant César, était déjà asservie par ses vices, la France, avant Necker, était déjà affranchie par ses lumières.

Écoutez Paris et Lyon, Rouen et Bordeaux, Calais et Marseille ; d’un bout de la France à l’autre, le même cri, un cri universel se fait entendre. Quel plaisir pour un bon citoyen de parcourir les cahiers des provinces ! Et comme cette lecture doit porter la rage dans le sein de nos oppresseurs ! Que je te remercie, ô ciel, d’avoir placé ma naissance à la fin de ce siècle ! Je la verrai donc s’élever dans toutes nos places, cette colonne de bronze que demande le cahier de Paris, où seront écrits nos droits et l’histoire de la révolution ? et j’apprendrai à lire à mes enfants dans ce catéchisme du citoyen que demande un autre cahier. La nation a partout exprimé le même vœu. Tous veulent être libres. Oui, mes chers concitoyens, oui, nous serons libres ; et qui pourrait nous empêcher de l’être ? Les provinces du Nord demandent-elles autre chose que celles du Midi ? et les pays d’élection sont-ils donc en opposition avec les pays d’état, pour que nous ayons à craindre un schisme et une guerre civile ?