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viennent, les traditions du juste et du vrai, et d’emprunter aux uns leur énergie indomptable, aux autres leur intelligence plus nette des conditions vitales de la liberté républicaine ; à tous, leur dévouement.

Pour revenir à Camille et à son Histoire des Brissotins, j’estime qu’il l’écrivit sous une autre inspiration que les entraînements de sa conscience. Il céda aux instigations de Robespierre, qu’il redoutait sans se l’avouer. Il a raconté ailleurs que Robespierre lui fit retrancher une longue note qui était imprimée à la suite de l’Histoire des Brissotins. Ce n’est pas la seule fois que, durant la tragédie révolutionnaire, Robespierre se serait placé dans la loge du souffleur. Ce n’est pas la seule fois non plus que Camille aurait été le porteplume de cet homme. Est-ce pour absoudre l’écrivain que je fais remonter la responsabilité de l’œuvre à celui qui l’inspira ? non ; il est des complaisances coupables que l’histoire doit blâmer. En révolution, l’homme faible est un fléau.

Camille ne tarda pas à regretter ïa part qu’il avait eue à la proscription de la Gironde.

Dans Y Adresse des Jacobins aux départements sur l’insurrection du 31 viai, rédigée par lui, on Ut que sa conscience n’est pas sûre d’elle-même ; il a besoin d’invoquer Sénèque, Dion Cassius, Platon, Salluste, les Romains et les Grecs, pour se faire illusion