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justesse de coup d'oeil, plus de résolution dans le cœur, plus de foi dans l'héroïsme de la France ?

— Les Girondins n'auraient pas conçu et appliqué le régime de la terreur. — C'est possible ; mais est-il donc prouvé que la terreur était le moyen unique du salut ? L'épouvante qui subjugue les âmes, l'effroi qui les écrase, et la peur qui les dégrade, seraient-ils donc la condition nécessaire et fatale du progrès ? Les peuples seraient-ils condamnés à conquérir la liberté par des violences qui ia souillent, à la défendre quelques jours par des armes qui la font longtemps maudire, à lui donner, pour la faire vivre, un breuvage qui la tue ?

— Mais les Girondins étaient fédéralistes . — C'est avec ce mot que les Jacobins les immolèrent.

Oui, au fond de la lutte, il y avait la question, déjà bien vieille dans le monde, de l'Etat et de l'autorité qu'il revendique, du citoyen et de la liberté qu'il ne veut pas abandonner.

En 89, la France était profondément imbue du sentiment de l'unité, ou, pour mieux dire, du principe d'autorité. C'était sa tradition historique, sa croyance, sa passion. Cela est si vrai que les Jacobins, jusqu'en 92, repoussèrent la République, parce qu'ils la considéraient comme un brisement de l'unité,