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ques-unes des données dont le concours serait nécessaire pour le résoudre sûrement. Des circonstances toutes morales, qui n'ont laissé aucune trace ni dans les écrits ni dans la tradition, ont pu être décisives. Où trouver, à cette heure, les éléments immatériels, concluants mais fugitifs, qui ont déterminé les convictions contemporaines ?

J'admire ceux qui tranchent souverainement un si grand déhat ; mais, pour ma part, je doute aujourd'hui.

Ce qu'il y a de malheureusement certain, c'est que la lutte de la Montagne et de la Gironde ne pouvait durer sans compromettre les conquêtes morales de la Révolution que les deux partis défendaient contre un ennemi commun, et sans perdre la République, qui fut aussi leur but commun.

Si les Girondins étaient restés maîtres du gouvernement, qu'eussent-ils fait ? Qui le sait ? Qui aurait la témérité de tirer rétrospectivement leur horoscope ?

Auraient-ils, mieux que leurs ennemis, gouverné et conduit une révolution si tourmentée ? Je n'ai pas la présomption de le prétendre ; mais qui oserait affirmer que leur parti le cédât en intelligence, en dévouement et en courage aux Montagnards qui les vainquirent ? En 92, dans la question de la guerre, dans ce débat solennel qui divisa les Jacobins et la Gironde, celle-ci n'eut-elle pas plus de