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Picardie[1]. M. Desmoulins père était lieutenant général au bailliage de Guise ; son modique revenu suffisait à peine pour soutenir sa nombreuse famille, et l’éducation de Camille fût restée fort incomplète, si son parent, M. Viefville Desessarts, depuis député aux états généraux, n’avait obtenu pour lui une bourse au collège Louis-le-Grand. Camille y fit de brillantes études, en compagnie d’un autre boursier entretenu par le collège d’Arras, Maximilien Robespierre. Quoique de caractères fort opposés, l’un vif et étourdi, l’autre déjà grave et réservé, ils se lièrent d’amitié : Camille rappelle souvent dans ses écrits les enthousiasmes naïfs de leur pauvre et studieuse jeunesse : tous d’eux, passionnés pour l’antiquité, fondaient déjà en idée une république à l’image de Rome et d’Athènes. Lui-même le rappelait plus tard : « Les premiers républicains qui parurent en 1789 étaient des jeunes gens, qui, nourris de la lecture de Cicéron dans les collèges, s’y étaient passionnés pour la liberté. On nous élevait dans les écoles de Rome et d’Athènes et dans la fierté de la république, pour vivre dans l’abjection de la monarchie et sous le règne des Claude et des Vitellius ; gouvernement insensé, qui croyait que nous pourrions nous passionner pour les pères de la patrie,

  1. M. Michelet