Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/280

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mettre ses plantes, mais je n'en faisais rien ; et c'est ainsi que nous arrivâmes à Romainville. Il était l'heure de dîner ; nous entrâmes dans un cabaret, et l'on nous donna un petit cabinet dont la fenêtre était tournée sur la rue, comme celles de tous les cabarets des environs de Paris, parce que les habitants de ces campagnes ne connaissent rien de plus beau que de voir passer des carrosses, et que dans les plus riants paysages, ils ne voient que le lieu de leurs pénibles travaux. On nous servit une omelette au lard. Ah ! dit Rousseau, si j'avais su que nous eussions une omelette, je l'aurais faite moi-même, car je sais très-bien les faire. Pendant le repas, il fut d'une gaieté charmante ; mais peu-à-peu la conversation devint plus sérieuse, et nous nous mîmes à traiter des questions philosophiques à la manière des convives dont parle Plutarque dans ses propos de table.

Il me parla d'Émile, et voulut m'engager à le continuer d'après son plan. Je mourrais content, me disait-il, si je laissais cet ouvrage entre vos mains ; sur quoi je lui répondis : Jamais je ne pourrais me résoudre à