Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/269

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des ambitieux. Les auteurs modernes, disait-il, qui ont le plus d'esprit, font cependant peu d'effet, et inspirent peu d'intérêt dans leurs ouvrages, parce qu'ils veulent toujours se montrer. Quelle que soit la puissance de l'esprit, la vertu est si ravissante, que dès qu'on l'entrevoit au milieu même des inconséquences de la superstition et de l'ignorance, elle se fait aimer et préférer à tout. Voilà pourquoi Plutarque qui a le jugement si sûr, intéresse jusque dans ses superstitions ; car quand il s'agit de rendre les hommes meilleurs et plus patriotes, il adopte les opinions les plus absurdes ; sa vertu le rend crédule ; il se passe alors entre elle et son bon esprit des combats délicieux. Il rapporte, par exemple, que la statue de la Fortune, donnée par les dames romaines, a parlé ; puis il ajoute, comme pour se persuader lui-même : Elle a parlé non-seulement une fois, mais deux. Ailleurs il remarque que sa petite-fille voulait que sa nourrice présentât la mamelle à ses compagnes et à ses jouets ; ceci semble un trait bien puéril ; mais quand il ajoute : Elle le voulait pour faire participer de sa