Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/252

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prennent de leurs enfants tandis qu'ils sont encore au berceau, est au-dessus de toute expression, et fait voir bien sensiblement que nous gâtons souvent tout par les réflexions que nous ajoutons à ce que nous a inspiré la nature. Ces mères ne les quittent jamais, elles les portent partout avec elles, et lorsqu'elles semblent succomber sous le poids dont elles se chargent, le berceau de leur enfant n'est compté pour rien : on dirait même que ce surcroît de fardeau est un adoucissement qui rend le reste plus léger. »

Rien n'est plus propre que ces berceaux ; l'enfant y est commodément et mollement couché, mais il n'est bandé que jusqu'à la ceinture, de sorte que quand le berceau est droit, ces petites créatures ont la tête et la moitié du corps pendants. On s'imaginerait en Europe qu'un enfant qu'on laisserait en cet état, deviendrait tout contrefait; il arrive an contraire que cela leur rend le corps souple, car ils sont tous d'une tailIe et d'un port que les mieux faits parmi nous envieraient. Que pouvons-nous opposer à une expérience si générale ?