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mais, monsieur le marquis, cela me sera peut-être difficile… Je ne sais pas comment je ferai… Je n’ai plus un sou disponible dans la caisse… J’ai envoyé, il y a quinze jours, tous les fermages en retard et le solde du bois à Mme la marquise… La semaine dernière, selon les ordres de Mme la marquise… j’ai versé six mille francs à l’hospice… deux mille francs aux sœurs… quinze cents à Joë… j’ai…

Le marquis lui coupa la parole.

— Je ne vous demande pas ce que vous avez versé. Je vous dis qu’il me faut, mercredi, à neuf heures du matin, vingt-cinq mille francs… Si vous ne les trouvez pas dans cette caisse… vous les trouverez peut-être dans la vôtre ?…

Il y avait sans doute, dans ces paroles, une terrible ironie, une terrible allusion à je ne sais quoi… M. Lerible s’empressa de répondre.

— Je tâcherai, monsieur le marquis… je tâcherai…

— C’est ça !…

Et il sonna son valet de chambre… Comme l’intendant se disposait à partir :

— Ah ! dites-moi… pour Flamant… vous avez bien compris, n’est-ce pas ?… Je désire qu’il soit installé, demain, à la Vente à Boulay… Arrangez-vous en conséquence… J’irai d’ailleurs faire un tour, par là, demain ou après-demain dans l’après-midi… Aujourd’hui même j’écrirai,