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à ses frais… ce grand hospice, sur la route de Caen… qui est comme un palais. On l’aperçoit du chemin de fer… en arrivant à Sonneville… sur la gauche… vous l’avez bien vu, sans doute ?

— Ma foi, non !

— Ça vaut la peine !… une bâtisse magnifique… brique et pierre, avec une immense croix d’or… tout en haut… qui domine la plaine !… Et des colonnes… et des jardins… et des chapelles !… Est-ce que je sais ?… seulement, c’est très difficile d’entrer là-dedans… faut des protections… des papiers… des histoires et paraît que ça ne sert pas à grand-chose. En ce moment… il n’y a que deux ou trois pauvres malades, qui viennent on ne sait d’où, et qui sont perdus là-dedans… vous pensez ?…

— Et puis ?…

— Et puis… elle est en train d’achever la construction d’une école libre — l’École des Saints-Anges — que dirigeront les sœurs de la Providence… Vous comprenez… il n’y avait que des écoles laïques où l’on n’apprend aux enfants que le vice, et à mépriser le bon Dieu… Ça n’était pas convenable ! Ça, par exemple, tout le monde trouve que c’est bien utile… Et c’est de l’argent, allez !… Sans compter un calvaire… en granit sculpté… de dix-sept mètres de haut… qu’elle a fait venir du fin fond de la Bretagne… On doit le planter, cette année, au carrefour des Trois-Fétus…