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III


Quand Clotilde fut complètement installée, elle ne sut plus que faire. Après avoir limé et poli consciencieusement ses ongles, après avoir essayé une dizaine de costumes qui avaient besoin de rectifications, elle s’ennuya. Elle s’ennuya immensément. Hormis les heures de la toilette, heures qui, d’ailleurs, se prolongeaient indéfiniment, elle se traînait de la chambre dans le salon comme une pauvre âme perdue… Quelquefois, elle prenait un livre qu’elle quittait aussitôt, écrivait une lettre qu’elle n’achevait jamais… Aux paroles d’amour que je lui adressais, elle ne répondait que par des soupirs d’ennui…

Pour la distraire, et selon nos conventions, je lui avais d’abord proposé de rester bien claustrés chez nous, lui faisant de la solitude un éloge enthousiaste. Aux belles heures du jour et du soir, nous nous mettrions à la fenêtre, l’un près de l’autre, toujours et toujours la main dans la main, et nos regards, nos quatre