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Ce serait une pensée horrible !… Et quelle chute dans l’idéal !… »

Le soir, c’était bien pire encore.

Après le dîner, généralement silencieux, et pendant lequel Clotilde avait conservé un air grave et lointain, elle s’étendait sur une chaise longue, enfin débarrassée. À quel chapeau oublié, à quelle dentelle, à quel corsage, à quel rien pensait-elle, pour avoir une physionomie si préoccupée ?… Je ne sais… Elle ne répondait que par des monosyllabes irrités ou plaintifs, aux grands mots, aux grandes phrases exaltées que j’essayais, vainement quelquefois, de tirer des profondeurs de mon cœur, de mon pauvre cœur vide, hélas !… Et comme je tentais de donner à mes gestes l’éloquence ample et précise qui manquait souvent à mes paroles :

— Non !… non… faisait Clotilde en me repoussant de la main, laissez-moi… J’ai un mal de tête fou et je suis morte de fatigue…