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mener où vous voudrez… Vous me médusez, je vous assure… Et ces deux filles qui ne trouvent jamais rien, et qui sont bêtes à pleurer !…

— Si vous me permettiez de vous aider !…

— Ah ! il ne manquerait plus que ça !… D’ailleurs, j’étais sûre de ce qui arrive !… Vous n’en faites jamais d’autres !… Jamais je n’ai vu un homme si gauche et si maladroit… Quand vous avez regardé la lune au ciel, et les bateaux sur la mer, ça vous suffit !… Eh bien ! allez voir les bateaux… Allez !… Allez !…

— Ô Clotilde !… Clotilde !…

Il me semblait que cette adjuration eût dû lui arracher des larmes. Ses reproches me brisaient le cœur. Pour elle, j’avais choisi la plus belle, la plus grande villa du pays. J’avais tout fait pour qu’elle y fût heureuse. Je me figurais qu’en la voyant, elle m’eût remercié par des paroles tendres et des caresses qui ne finissent pas… et qu’elle eût, peut-être, deviné que je m’étais imposé — avec quelle joie désintéressée — les plus lourds sacrifices d’argent !… Et au lieu de tout cela, des paroles comme celles-ci :

— Vous vous moquez bien des délicatesses d’une femme ! Du reste, ce n’est pas de votre faute ! Vous êtes ainsi… On n’y peut rien !… Tenez, voilà encore que vous froissez la plume d’un chapeau et que vous accrochez la dentelle d’une chemise.

Alors, je sortais…