— On l’appelle la belle Catherine ?…
— Oui, par dérision, sans doute. Elle habite les ruines de l’abbaye qui se trouve au sommet du mont… Et elle passe son temps à chasser… Autrefois, elle venait quelquefois ici, le soir, boire un coup avec les mariniers… Mais ça faisait trop d’histoires… Il y a eu du tapage, des batailles… Elle ne vient plus.
— Ah !… mais qu’est-elle au juste ?…
La patronne prit un air de se méfier… et elle dit tout bas :
— C’est l’ancienne domestique du comte de R…, un vieux à qui appartenait l’abbaye… Le comte est mort, vous comprenez…
— Ah ! il est mort ?
— Oui… On l’a trouvé noyé dans une citerne… Il avait fait son testament en faveur de Catherine.
— Ah ! vraiment ? s’écria mon ami, dont les yeux s’enflammèrent. Mais c’est épatant, ce que vous me dites là… Dans une citerne ?
— Oui… D’abord, on a pensé ci… ensuite on a pensé ça… La justice est venue… Bref, Catherine a hérité… C’est une rude femme, allez !
— Et elle vit toute seule ?
— Toute seule !… Seulement, elle rôde beaucoup, à droite, à gauche, vous comprenez ?… C’est une rude femme !
Le dîner s’acheva dans un silence pesant.