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Cela dura toute une année. Puis, Thérèse se mit, brusquement, à sortir davantage seule. Elle reprenait sa vie haletante d’autrefois, ses hâtes, ses rentrées tardives, la série des mensonges et des mystères de jadis. Et les discussions survinrent, les menaces, les propos orduriers, les pleurs, les raccommodements. Cécile fut reléguée aux soins de la femme de chambre. Elle redevint triste, et elle écouta les histoires de l’office et les potins de l’antichambre.

Un soir que Lacombe était souffrant, Thérèse, après le dîner, annonça son désir d’aller au Gymnase. Elle avait promis à Gabrielle… elle serait rentrée de bonne heure… Ça l’ennuyait… mais elle n’avait qu’une parole.

— Couche-toi ! dit-elle à Lacombe… Tu es malade… Il faut te soigner.

Elle s’habilla et partit.

Lacombe resta quelque temps avec Cécile qu’il n’essaya même pas d’amuser. Il était songeur et inquiet. Durant près d’une heure, il se promena, de long en large, dans le salon. Et s’étant aperçu que la petite s’était endormie, il ordonna qu’on la menât coucher, demanda son pardessus et sortit à son tour.

Il rentra furieux, vers minuit. Une demi-heure après, Thérèse, doucement, furtivement, ouvrait la porte de l’appartement. Et tout d’un coup, dans la pâle clarté que faisait une lampe dont la mèche charbonnait, de derrière une por-