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Précocité.



Je ne sais pas pourquoi Thérèse Inula décida, un jour, qu’elle reprendrait son enfant. Sans doute que, ce jour-là, elle s’ennuyait plus que de coutume, ou bien que le ciel était gris, qu’il ventait de l’Est, ou bien encore que ce désir subit lui était venu comme celui d’avoir une robe neuve, ou de renouveler les tentures de son cabinet de toilette. Peut-être songea-t-elle aussi que sa vie, se trouvant simplifiée par un concubinage sérieux et marital avec Ernest Lacombe, la présence d’une petite fille égaierait les tristesses et les monotonies d’un intérieur momentanément privé d’aventures.

Ce n’était pas une mauvaise mère, bien loin de là ! Mais quoi !… Les nécessités de l’existence !… Ah ! ce n’est pas toujours drôle !

Depuis sept ans que la petite Cécile — oui, c’était bien Cécile qu’elle se prénommait — vivait chez des paysans bourguignons, Thérèse n’avait pas manqué, une seule fois, de payer