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— M. Varnat ne dépend que de moi, tu n’as rien à y voir, qu’à publier… Toi, tu as la polémique locale… Et de l’entrain, plus que jamais, sacré Dieu !… De l’entrain à tour de bras… Et cette fameuse campagne contre les instituteurs !… À quand ?

— J’attends que l’histoire du frère Sulpice soit un peu oubliée. La réponse serait trop facile, monsieur le marquis.

— Tu as toujours des raisons… Le frère Sulpice était pédéraste, mais bon chrétien… Ça n’a aucun rapport… Tu te négliges… Voilà quatre numéros qui ne valent pas le diable ! Fais attention.

Tourneroche me regarda de coin en ennemi. Il n’en montra pas moins de politesse et même d’obséquiosité. Le marquis nous emmena déjeuner tous les trois. Tenu sous la réserve par ma présence qui l’inquiétait, et à qui, sans doute, il attribuait les reproches de son maître, l’ancien photographe parla de choses et d’autres, sans pittoresque, sans verve, d’une voix éraillée, d’une bouche grimaçante, et il parla peu. Je l’intriguais désagréablement. Il était gêné ; toute son attention était fixée sur moi.

À un moment, le marquis lui dit :

— Tu ne m’as toujours pas montré tes albums, vieux brigand !

Depuis qu’il était honnête homme, cette canaille n’aimait point qu’on lui rappelât ses