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dire ceci… La tuberculose continue ses ravages… En ce moment, je soigne huit malades qui en sont gravement atteints… Et je découvre des symptômes sur combien d’autres !… Malheureusement, je n’y peux rien… Malgré toutes les promesses, nous n’avons toujours pas d’hospice… Caen refuse mes malades impitoyablement… J’ai écrit à Mme la marquise… Elle ne m’a pas répondu…

— C’est bien fait, nigaud !… s’écria le marquis sur un ton encore bourru, mais calmé. Pourquoi t’obstines-tu à ne pas t’adresser à moi directement ?… La marquise a été très occupée… et elle n’a pas que Monteville dans la tête… Voyons, que lui demandais-tu ?

Malgré son air triste et veule, je sentis que M. Lerond avait de la fermeté.

— Je lui demandais, répondit-il sans hésitation, qu’elle voulût bien prendre ces pauvres malades à l’hospice de Sonneville où ce n’est pas la place qui manque, il me semble… Non seulement leur état fait pitié, mais il est un réel danger de contamination pour tout le pays…

— Eh bien, je les prends, moi, annonça le marquis après avoir réfléchi quelques secondes… C’est-à-dire, j’en prends quatre. On tâchera de caser les autres… Qui est-ce ?

Le docteur énuméra les noms… parmi lesquels le marquis en choisit quatre, ainsi qu’il l’avait promis :