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mard… Je pense que tu ne vas pas abandonner cette belle commune aux mains de l’ennemi… Je ne te le pardonnerais jamais… Toi seul ici… es en mesure de battre Lamour… Il faut le battre…

— Je ne cesse de le lui dire… Il est d’un entêtement !…

Les yeux du docteur exprimèrent de la lassitude…

— D’abord, ce n’est pas sûr que je le puisse… Ensuite, c’est à peine si j’ai le temps de soigner tous mes malades… Comment ferais-je ?

— Vous irez un peu moins à la messe…, dit le curé… Je vous donne à l’avance l’absolution…

Il se mit à rire d’un rire épais qui lui secouait le ventre sous la soutane.

— L’abbé a, pardieu ! bien raison, approuva le marquis… Moi aussi, je te la donne… Ah !…

Il ajouta :

— La messe… les vêpres… le diable et son train… sans doute… Mais, sapristi ! le bon Dieu ne t’en demande pas tant, mon cher… Ce n’est pas une brute, le bon Dieu, voyons !…

Le docteur hochait la tête, un peu scandalisé… Il détourna la conversation :

— Écoutez, monsieur le marquis… Il y a un peu de votre faute dans ce qui se passe ici…

Sur un mouvement de surprise du marquis, il accentua :

— Je vous assure… Au fond, c’est la chasse