Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ah ! ah !… Ça avance, je vois… fit-il en se frottant les mains.

J’expliquai que, dans l’ignorance où j’étais encore de ses affaires, j’avais cru prudent de ne détruire aucun de ces papiers, que je les avais tous classés, et que j’attendais ses ordres…

— Parfait ! approuva-t-il… Alors, voyons ça…

Nous passâmes en revue tous les petits dossiers… Des uns le marquis me disait : « À garder ! », des autres : « À brûler ! ». Lorsque j’appelai les dossiers : Blanche et Karl Backer, il eut un sursaut que je notai précieusement et qui me confirma leur importance… En même temps il me planta dans les yeux un regard aigu, sévère, presque dur… Ce regard, dont je soutins bravement le choc, cherchait à me pénétrer, à savoir si réellement j’avais une opinion sur ces papiers, et ce qu’elle pouvait bien être… Du moins, je l’interprétai ainsi… Il fut rapide, mais on ne pouvait se méprendre à son expression claire et forte.

— Vous les avez trouvés là ?… me demanda-t-il, d’une voix brève.

— Mais oui, monsieur le marquis.

— Ah !…

Et, se remettant très vite :

— C’est curieux… acheva-t-il… Je ne l’aurais pas cru… Donnez-les-moi…