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ginent qu’on fait un roi… comme ça… avec des principes en bronze et des espérances muettes ! Un roi… ou toute autre chose… Il n’y a donc que les bonapartistes pour tenter ce coup-là… et le mener à bien… Ils y ont la main… après… au moment du partage… nous verrons…

— Mais le maréchal ? objectai-je, bien que le marquis persistât à ne pas s’adresser directement à moi.

Il répondit :

— Le maréchal ? Eh bien, voilà !… Le maréchal résiste… ne veut entendre parler de rien… Très loyal, très scrupuleux, il croit son honneur engagé à garder la Constitution, au besoin à la défendre contre ses amis, contre ses propres idées… Seulement, il n’est pas très fort… entre nous, disons-le, il est très bête… Un brave homme !… Et, avec les braves gens de sa trempe, il y a de la ressource… Au fond, voyez-vous, un vieux brisquard… un vieux sabreur… et qui a horreur de la République. Les sournoiseries de Jules Simon le dégoûtent… la popularité de Gambetta l’affole… Et l’évêque d’Orléans, en qui il a toute confiance, l’enveloppe très habilement, sans secousses, sans heurts… le met au point qu’il faut… On l’entraînera, j’en réponds !

J’objectai encore :

— Rien n’est moins certain… on le dit des plus entêtés…