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tranquille… vous êtes l’homme du cultivateur !… n’est-ce pas, maître Poivret ?

Maître Poivret exprimait la même fondamentale idée dans un langage sibyllin.

Et, devant leurs objurgations de plus en plus vives, le marquis demandait à réfléchir… ne disait pas absolument non… pas absolument oui non plus… Ce serait vraiment un bien grand sacrifice pour lui… En tout cas, si jamais il se décidait, ce ne serait que par amour pour ces braves gens… pour tous les braves gens… D’ailleurs, les élections étaient encore éloignées ! on aurait le temps de parler de tout cela…

Au dessert, maître Houzeau qui s’émerillonnait et dont les bubelettes nasales, sous l’action du vin, pétillaient comme un feu de sapin, demanda au marquis ce qu’était devenue une certaine Suédoise que celui-ci lui avait fait connaître l’année d’avant, à Paris… car je compris que le marquis se chargeait volontiers, non seulement des intérêts du cultivateur mais aussi de ses plaisirs…

— Mâtin ! la belle femme !… Ah ! la belle femme ! s’écriait maître Houzeau dont les yeux, à ce souvenir, tournaient, viraient drôlement entre les paupières congestionnées… Ma foi !… vous savez, monsieur Arnold… ce soir, je l’arrangerais bien, cette Suédoise… Mazette ! — j’aimerais mieux la trouver dans mon lit